Têtue ◊ Lunatique ◊ Positive ◊ Affectueuse ◊ Possessive ◊ Bordélique ◊ Provocante ◊ Impatiente ◊ Indépendante ◊ Intuitive ◊ Mimétique ◊ Drôle ◊ Bavarde ◊ Agaçante ◊ Séductrice ◊ Attachante

Lola aime le chocolat et rien que le chocolat. Elle déteste tout ce qui se rapporte au sucre. ◊ Elle aime ses tâches de rousseurs et répète souvent que si elle n'en avait pas eu, elle se les dessinerait. ◊ Lola chante, souvent, plutôt bien, mais toujours seule. ◊ Elle est attirée par la scène depuis toute petite. ◊ Lola a toujours aimé jouer la comédie pour tout et n'importe quoi, elle aime ce sentiment de satisfaction lorsque quelqu'un croit ce qu'elle raconte. ◊ Elle ne peut pas s'exposer au soleil au risque de ressembler à une écrevisse. ◊ Elle déteste la mode et ses diktats. ◊ Lola n'a jamais vu un seul film d'Harry Potter. ◊ Elle a seulement lu le troisième tome et n'a strictement rien compris. ◊ Par contre elle aime beaucoup d'autres films dont Sherlock Holmes, elle en est fan et essaye souvent de raisonner comme son détective préféré. ◊ Elle vit à Londres depuis ses seize ans. ◊ Lola a arrêté l'école pour venir jouer la comédie. ◊ Elle a tourné dans une pub très connue et en est très fière. ◊ Lola amadoue facilement les gens et sait jouer de tous les registres, de la femme fatale à la mignonne petite fille.

Elle tient ce livre entre ses mains, étonnée, ébahie. Qu’est-ce donc que cette histoire ? Des sorciers, des baguettes magiques, des hippo… Quoi ?! Lola s’allonge sur son lit, ses cheveux flamboyants formant une auréole autour de sa tête. Elle rit toute seule de ce qu’elle vient de lire. Il faut être complètement atteint pour écrire ce genre de choses. Pourtant tout le monde semble adorer cette histoire, sans queue ni tête. Alors certes, elle venait de finir le troisième tome, peut-être valait-il mieux commencer par le début, mais après tout pourquoi faire les choses comme tout le monde ? En roulant sur le ventre, Lola se dit que tout de même, quelle drôle d’histoire, elle n’avait strictement rien compris.

Elle lève la tête, un grand sourire collé aux lèvres, seule sa mère serait capable de déterminer si celui-ci est vrai ou pas. Elle s’avance et d’un ton désinvolte, lâche sa réplique. « Et pourquoi moi ? » Mais surtout, pourquoi pas elle ? Qu’est-ce qui l’empêchait de monter à Londres, de tout plaquer, d’arrêter l’école au risque de passer pour une pauvre fille. Elle avait envie de faire ça, de monter sur les planches, de sentir cette insécurité au creux de son ventre, celle-là même qui vous fait se jeter dans la gueule du loup, sous les yeux critiques du public. Alors la scène était miteuse, minuscule, mais la chaleur des projecteurs elle, est la même partout et cette mise à nue, pas besoin d’un théâtre immense pour la jouer.

Elle s’était inscrite un peu sur un coup de tête, une annonce dans le journal avait suffi à la décider. Un coup de fil plus tard elle était inscrite à cette master classe d’impro. Elle adorait ça l’impro, c’était un peu comme se jeter du haut d’un toit sans être sûre que le filet en bas vous retiendrait. Guillerette, elle avait franchi les portes de la salle et s’était installée au milieu des autres. Rapidement les exercices s’étaient enchaînés, désinhibant les participants. Sa partenaire, une jolie brune ne cessait de lui sourire et il est vrai, elles s’entendaient plutôt bien. L’un des exercices consistait à guider l’autre, qui gardait les yeux fermés, du bout du doigt et au son de sa voix dans la salle. En rouvrant les yeux, Lola ne s’attendait pourtant pas à une telle surprise. La jolie brune, Cara avait laissé place à un jeune homme assez grand, au visage sombre et troublant. Un frisson descendit le long de l’échine de la rousse. Après maints fous rires et bêtises prononcés en une dizaines de minutes à la fin du cours, ils finirent dans les même draps, oubliant tout jeu d’acteur pour laisser place à une vérité nue.

Elle répond tout de go au directeur de casting face à elle. Bien entendu qu’elle sait monter à cheval. Elle ne l’a jamais fait de sa vie, mais mentir est chez Lola une seconde nature. Elle veut ce rôle, elle le sait et ce même si elle doit s’inventer une vie. Ça ne doit pas être bien compliqué puisque tant de personnes le font. Si elle réussit à mentir sans ciller, le plus impressionnant dans tout ça reste le regard satisfait de l’homme face à elle et de la poignée de main qui s’en suit. Elle tournera dans cette pub pour cette marque d’alcool. Le soir même de la diffusion toute sa famille l’appellera au téléphone, elle était célèbre ! Et fière de l’être.

Le bus se gare alors qu’une vague d’excitation le parcourt. Ici tout le monde semble très excité de pouvoir enfin visiter les studios Warner célébrant le culte du sorcier à lunettes. Lola quoique intriguée et légèrement perdue suit la foule, complètement fascinée par cette agitation. Elle n’y connaît rien, reconnaît vaguement un visage ou deux sur des posters géants accrochés aux murs, mais ce n’est pour elle qu’une vaste plaisanterie, dont elle ne connaît qu’un mot au milieu : totalement incompréhensible. Pourtant, l’exposition est assez belle, elle n’hésite pas à prendre des photos de choses qu’elle ne reconnaît pas et essaye de comprendre ce pourquoi l’Angleterre vibre depuis plus d’une décennie. Alors qu’elle ne jurait que par les aventures de Sherlock Holmes et de son fidèle acolyte Watson.

Elle observe ce magnifique dessin au mur lorsqu’elle le voit non loin. Lui, le beau jeune homme qu’elle avait lâchement abandonné le matin venu, après leur folle nuit. Celui avec qui elle avait improvisé plus que voulu. Elle se souvient de ses grandes mains sur ses hanches et le rouge lui monte aux joues. Les souvenirs remontent et avec eux cet étrange sentiment qui lui avait fait peur et l’avait poussé à fuir. De l’amour ? Tout de même pas, mais une attirance un peu trop forte, de celles qui vous donnent envie de le regarder sourire toute la journée en passant sa main dans ses cheveux. Elle sourit bêtement. Pourquoi se retrouvaient-ils ici autant de temps après. Mais elle se replonge rapidement sur le dessin, car il l’a vu et au regard intrigué qu’il lui a lancé, il ne se souvient pas d’elle...

Si elle était restée chez elle, tout serait aller pour le mieux que faisait-elle donc ici au milieu de tous ces tarés ? La nuit était tombée et ils étaient encore tous là, pris au piège par une force invisible. Impossible de jouer la comédie coincée dans les studios. Lola a beau être douée, elle n’a pas envie d’être toute seule ici, sans personne de sa connaissance à part un coup d’un soir incapable de se rappeler d’elle… Elle pousse un long soupir désespéré et attrape la baguette que quelqu’un avait posé à côté d’elle peu de temps auparavant en poussant de grands cris. Dans quel sens est-ce que ça se tient ce truc ? Le désespoir et l’ennui la font tourner le bout de bois, un sourire amusé aux lèvres. Lola n’avait seulement pas prévu qu’une lumière rouge en jaillisse pour aller se répercuter contre le mur face à elle. Mince alors, elle contrôlait la magie ?